L’irrésistible pouvoir de l’image et l’hyper sexualisation de nos jeunes

Marie-Josée ArchambaultPendant les fêtes, je me suis retrouvée à discuter avec des amies, elles aussi mamans, des comportements de nos enfants qui dès leur plus jeune âge, sont déjà concernés par leur image. L’une d’elles me racontait justement que sa fille, alors qu’elle était en maternelle, serait allée à l’école en robe longue ornée de brillants si elle l’avait pu ! Et que rien ne la rendait plus heureuse – déjà à 8 ans! – que de porter un beau collier ainsi que du gloss sur les lèvres pour aller à l’école ! Une autre encore, racontait un peu consternée que pour sa fille de 17 ans, il n’était surtout pas question de sortir sans son fond de teint, sans mascara ni même sans des vêtements qui trop souvent, laissent fort malheureusement bien peu à l’imagination….

Alors que je me consolais à la pensée qu’avec un garçon, les choses étaient probablement moins compliquées, mes amies m’ont vite ramenée à la réalité, avec un résumé fort éloquent de ce qui m’attendait, moi aussi ! Sylvie par exemple dont le fils de 15 ans est tout aussi soucieux de son «look» que n’importe quelle fille : ses amis et lui n’hésitant pas à se présenter sur leurs photos de profil sur Facebook torse nu et pantalon bas, bas, bas…

Fort heureusement, en ce qui me concerne, mon fils de huit ans ne semble pas encore trop inquiet de son image, se satisfaisant de n’importe quel vêtement lui tombant sous la main.  Pour le moment !  Sauf que force est de constater qu’eux aussi, les jeunes garçons, semblent aujourd’hui ressentir de plus en plus fortement cette nécessité de « briller » ou qu’ils se trouvent!

Et puis, je regarde mes nièces qui elles-aussi sont soumises à cette dictature de l’image et j’avoue que je suis troublée par cette réalité qu’à l’époque de notre adolescence, au début des années quatre-vingts, cette réalité était bien loin de nous inquiéter, les gens de ma génération et moi.

Alors bien sûr, notre conversation de mamans a rapidement convergé vers l’hyper-sexualisation de plus en plus précoce de nos jeunes. Et à ce chapitre, nous sommes bien obligés de nous rendre à l’évidence : les modèles, surtout ceux destinés aux petites filles, sont de nos jours beaucoup plus sexualisés qu’ils ne l’étaient il y a vingt ans seulement. Comment s’en étonner alors que les modèles qui s’offrent à eux aujourd’hui sont trop souvent ceux des Britney Spears (j’ai découvert alors que j’étais déjà out! Britney ayant visiblement été détrônée par Iggy Azalea!) et autres Miley Cyrus de ce monde?  Ou encore, que des magazines aussi en vue que Vogue se mettent de la partie pour « marchandiser » le corps des petites filles. La version brésilienne de Vogue Kids notamment qui dans son édition de septembre 2014, présentait des enfants dans des poses sensuelles qui n’avaient pas manqué de susciter l’indignation de nombreux internautes !  Avec raison !

Le plus tragique sans doute, c’est que ce genre de photos qui exploitent l’enfance en la sexualisant, il en pleut lorsque l’on s’arrête, ne serait-ce que deux minutes à en chercher sur le web… Ici par exemple.

En tant que parent, nous ne pouvons bien sur éviter de nous inquiéter face à ce phénomène dont les conséquences sont importantes (parfois désastreuses). L’habillement suggestif des petites filles par exemple, les jeux de séduction qui très tôt sur les médias sociaux, prennent forme entre des jeunes à peine sortis de la pré-adolescence. Ou encore, le clavardage de nature sexuelle qui en résulte parfois…. Tous ces éléments donnant une brève idée des dérives que tout parent devrait craindre !

Et on ne parle même pas ici de l’importance des acquis en matière d’égalité femmes-hommes que l’hypersexualisation remet en cause; conditionnant d’une certaine façon l’image véhiculée dans les médias selon des stéréotypes largement « genrés ».

Des pistes pour mieux guider nos jeunes 

Bien sûr, et fort heureusement, en tant que parent, nous avons un rôle important à jouer pour espérer contrer le phénomène ! Par exemple en discutant avec nos enfants ainsi que nos ados de la question de l’hypersexualisation dans le but de les sensibiliser au pouvoir des messages qui leur sont transmis dans les médias. Cela sans sous-estimer l’influence des vidéos, de la musique, des magazines, de la publicité et autres véhicules médiatiques pour lesquels ils sont  perçus comme étant le public cible. Ou encore, en contribuant à développer leur esprit critique, les invitant à remettre en question ces images dont ils sont inondés chaque jour.

Oui mais comment faire ? Je vous propose ici quelques pistes.

  1. Instaurer la communication
    Dès leur plus jeune âge, il ne faut pas hésiter à ouvrir la discussion sur le sujet, et cela, dès que l’occasion se présente. On écoute une télé-réalité? Une belle occasion de discuter des comportements des filles et des garçons qu’on nous présente. Miley Cyrus nous fait la grâce de l’une de ses frasques dans les médias ? Une occasion en or de discuter de l’impact de l’image que ces actions ont sur son image ainsi que sur l’opinion du public envers elle.
  2. S’interroger sur notre propre image en tant que parent ainsi que sur le modèle que notre entourage propose
    Bien sûr, les médias prennent énormément de place dans nos vies. Il ne faut toutefois pas oublier l’impact qu’a notre entourage sur la perception qu’ont nos jeunes. Il ne faut donc pas hésiter à souligner le comportement des personnes autour de nous qui représentent une image digne de faire contrepoids aux stéréotypes. Les entraineuses de gym qui sont de belles filles en santé et au naturel qui transmettent de belles valeurs de travail, d’entraide et de respect. Des chanteuses, telles Marie Mai ou Taylor Swift, qui parlent de femmes fortes qui savent ce qu’elles veulent et qui se respectent. Ou encore, ces femmes de notre entourage qui sont des exemples de femmes accomplies, intelligentes et intéressantes.
  3. Mettre en place des règles vestimentaires qui soient claires pour tous
    C’est sans aucun doute le travail d’une vie, il ne faut pas se le cacher ! Mais, il n’en demeure pas moins que les choses semblent toujours en revenir à cette importance de communiquer. Mais surtout, de communiquer d’abord et avant tout avec l’autre parent afin d’avoir une vision commune de ce qui est acceptable au niveau vestimentaire et cela, en fonction des circonstances. Cela dans le but de présenter à nos jeunes une vision commune de ce qui est acceptable et de s’y tenir. Ainsi, notre fille pourra très bien être «girly» et aimer tout ce qui est rose. Sans toutefois manquer de connaître l’importance d’être convenablement vêtue et cela, en fonction de l’occasion.

Si ce pouvoir presque irrésistible que ressentent nos jeunes dès leur plus jeune âge vous interpelle vous aussi, je vous invite à écouter cette conférence TED donnée par la mannequin Cameron Russell en 2012. Une vidéo qui vous donnera peut-être envie d’ouvrir la conversation avec vos adolescents sur ce pouvoir irrésistible de l’image! Une image que les médias contribuent à fabriquer de toutes pièces !

http://www.ted.com/talks/cameron_russell_looks_aren_t_everything_believe_me_i_m_a_model?language=fr

De plus, une documentation abondante est accessible à portée de clavier. Ici par exemple. Mais surtout, sur le site d’Habilo Médias.